lunes, 30 de julio de 2012

Gayle Forman, Si je reste



Gayle Forman, Si je reste
OH ! Éditions
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-France Girod
1999 - Titre original : If I stay




L'auteur :
Gayle Forman est une journaliste réputée, primée pour ses articles. Elle vit à Brooklyn avec son mari et leur fille. Si je reste est déjà un phénomène d'édition, avec une sortie mondiale dans plus de vingt pays et une adaptation cinématographique en cours par les producteurs de Twilight.



Résumé :
Mia a 17 ans. Un petit ami, rock star en herbe. Des parents excentriques. Des copains précieux. Un petit frère craquant. Beaucoup de talent et la vie devant elle.
Quand, un jour, tout s'arrête. Tous ses rêves, ses projets, ses amours. Là, dans un fossé, au bord de la route. Un banal accident de voiture… Comme détaché, son corps contemple son propre corps, brisé. Mia voit tout, entend tout. Transportée à l'hôpital, elle assiste à la ronde de ses proches, aux diagnostics des médecins. Entre rires et larmes, elle revoit sa vie d'avant, imagine sa vie d'après. Sortir du coma, d'accord, mais à quoi bon ? Partir, revenir ? Si je reste…

"Le livre le plus émouvant depuis Twilight." Erik Feig, producteur de Twilight




Quelques passages intéressants retenus dans ce roman:


Pages 37-38 : Le bloc opératoire et le sang
Il y a un monde fou dans ce petit espace. Les lumières crues permettent de voir que l'endroit est modeste, pas du tout comme dans les séries télé, avec leurs blocs opératoires pareils à des théâtres flambant neufs, où l'on pourrait jouer un opéra. Le sol brille, mais on aperçoit des éraflures et des traînées roussâtres que je suppose être d'anciennes traces de sang.
Quant à mon propre sang, il y en a partout. Ce qui n'impressionne pas le moins du monde les médecins. Ils taillent, tranchent, aspirent et suturent dans ce liquide rouge comme si de rien n'était. Pendant ce temps, ils m'injectent sans cesse du sang frais dans les veines.

Pages 38-39 : Travail des chirurgiens – Dans quel état de santé je me trouve ?
L'intervention n'en finit pas. Je n'en peux plus. Je me demande comment les chirurgiens tiennent le coup. Leur tâche semble aussi éprouvante que de courir un marathon.
Je commence à m'interroger sur l'état dans lequel je me trouve. Si je ne suis pas morte (et je ne dois pas l'être puisque le moniteur cardiaque continue ses bips-bips) et si je ne suis pas non plus à l'intérieur de mon corps, puis-je aller ailleurs ? Me transporter sur une plage ou au Carnegie Hall de New York ? Me rendre auprès de Teddy ?
Juste pour voir, je fronce le nez comme dans Ma sorcière bien-aimée. Rien ne se passe. Je claque des doigts, puis des talons. Toujours rien. Je n'ai pas bougé.

Page 39 : les doutes que produit l'état comateux
Un peu plus loin, je découvre plusieurs salles d'opération, occupées par des personnes endormies. Si elles sont toutes dans mon cas, pourquoi ne puis-je voir leur être dédoublé ? Les autres sont-ils en train de se balader comme je semble le faire ? J'aimerais rencontrer quelqu'un dans mon cas. J'ai des questions à poser. Quel est cet état dans lequel je me trouve ? Comment vais-je en sortir ? Pourrai-je réintégrer mon corps ? Dois-je attendre que les médecins me réveillent ?

Page 44 : Unité de soins intensifs
On vient de me transférer de la salle de réveil à l'unité de soins intensifs du service de traumatologie, une pièce en « U » avec une dizaine de lits. Des infirmières s'y affairent en permanence. Elles prennent connaissance des informations débitées par les appareils qui enregistrent nos signes vitaux. Au milieu de la salle, il y a d'autres ordinateurs et un grand bureau où se tient une autre infirmière.  
Un infirmier et une infirmière s'occupent de moi, en plus des médecins qui font des visites constantes. …

Page 45 : Les tubes et les tuyaux
Je suis hérissée d'un nombre incalculable de tubes et de tuyaux. Il y en a un dans ma gorge qui respire à ma place, un qui passe par mon nez et maintient mon estomac vide, un autre qui m'hydrate, planté dans une veine. J'en ai aussi plusieurs sur le torse, sans compter celui qui enregistre mon rythme cardiaque à partir de mon doigt et la sonde qui vide ma vessie. Le respirateur, lui, a un rythme apaisant comme un métronome.

Pages 62-63 : les paupières
Les médecins vont et viennent. Ils soulèvent mes paupières et braquent le faisceau d'une petite lampe sur ma pupille avec des gestes brusques et pressés. On dirait que pour eux des paupières ne méritent pas d'être manipulées avec douceur. Cela me fait penser que dans la vie on touche rarement les yeux des autres. Parfois, un parent soulève la paupière d'un enfant pour ôter une poussière de son œil, ou un garçon dépose un baiser léger comme un papillon sur la paupière de sa petite amie, juste avant qu'elle s'endorme. Mais les paupières n'ont pas l'habitude d'être rudoyées, au contraire des coudes, des genoux ou d'autres parties du corps.

Page 66 : C'est le patient en état de coma qui décide de revenir ou pas à la vie
« Vous croyez que tout dépend des médecins, ou des infirmières, ou de cet équipement ? poursuit-elle en tendant la main vers le mur d'appareils médicaux. Eh bien, non. C'est elle qui mène le jeu. Alors, parlez-lui. Dites-lui qu'elle peut prendre tout le temps qu'elle veut, mais qu'elle revienne. Vous l'attendez. »

Page 68 : Le mariage excentrique des parents de Mia
En se mariant, maman est donc entrée dans une famille nombreuse et relativement normale. Elle a accepté d'épouser papa alors qu'ils n'étaient ensemble que depuis un an. Bien sûr, ils l'ont fait à leur manière. C'est-à-dire devant une juge de paix lesbienne, tandis que leurs amis jouaient à la guitare amplifiée une version bruyante de la Marche nuptiale. La mariée portait une robe blanche à franges et des bottes de cow-boy noires, le marié était vêtu de cuir.

Page 71 : Mia prend conscience du fait que son retour à la vie dépend d'elle
Au même moment, les paroles de l'infirmière me reviennent. C'est elle qui mène le jeu. Et soudain, je comprends le véritable sens de la question de mon grand-père. Car lui aussi a entendu la phrase prononcée par l'infirmière.
Si je reste. Si je vis. C'est moi qui décide.
Cela ne dépend pas des médecins. Leurs histoires de coma artificiel, c'est du bla-bla. Cela ne dépend pas non plus des anges, qui brillent par leur absence. Cela ne dépend même pas de Dieu qui, s'Il existe, ne se montre pas en ce moment. Mais de moi.

Page 135 : les personnes qui envisagent leurs obsèques et les autres
« D'après mon amie Kim, ai-je dit, c'est signe de profondeur d'âme. Pour elle, le monde est divisé entre les personnes qui envisagent leurs obsèques et les autres. Les artistes et les gens brillants appartiennent à la première catégorie.
-Et toi ? a demandé Adam.
-Moi, je veux le Requiem de Mozart. » Me tournant vers mes parents, j'ai ajouté : « Rassurez-vous, je n'ai pas envie de me suicider ! …  »  










POSTFACE DE L'ÉDITEUR – Aux frontières de la mort

La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens
Paul Éluard, Le temps déborde : Notre vie, 1947


à Des expériences édifiantes
Ils sont nombreux ceux qui sont allés aux extrêmes limites de la vie. Deux à trois millions en France, estime-t-on. Revenus parmi nous, après un passage plus ou moins long dans « l'entre-deux », ils racontent.  Leurs récits présentent d'étranges similitudes, mais comportent aussi des variantes très personnelles, comme tout ce qui est humain. Ainsi, dans le roman de Gayle Forman, la musique, on l'a vu, revêt une importance particulière.
Ces histoires sont hautement édifiantes – au double sens du terme –, dans la mesure où elles nous invitent à méditer sur des problèmes philosophiques, moraux et religieux, fondamentaux et fortement imbriqués, et qui hantent la conscience humaine. Depuis l'Égypte antique, des témoignages concernant les EMI (Expériences de mort imminente – en anglais NDE : Near Death Experience) sont légion et retiennent maintenant l'attention des scientifiques de nombreuses disciplines qui les répertorient et les analysent. Évoquons quelques cas parmi les plus significatifs…
Les Égyptiens ont cherché à provoquer par étouffement un état voisin d'une EMI. Pharaon y était soumis, car il devait être initié aux mystères de l'au-delà. Et les différentes étapes du voyage dans l'après-vie ressemblent étonnamment à celles que décrivent aujourd'hui ceux qui ont vécu une expérience similaire. Dans La République (vers 370 av. J.-C.), Platon évoque le mythe d'Er, le Pamphylien, ressuscité après une bataille, dont l'âme revient sur terre après avoir cheminé au royaume des morts. Là encore, on relève d'étranges similitudes avec des témoignages contemporains ou avec des récits du bouddhisme tibétain sur le Bardo-Thödol (« intervalles entre les réincarnations »), le Livre des morts tibétain. Plutarque (46-120 apr. J.-C.), dans ses Moralia, et Plotin (204-270 apr. J.-C.), dans ses Ennéades, rapportent des histoires très semblables.
Au Moyen Âge, on voit dans les légendes de la Table ronde Perceval pendu par des brigands et qui en réchappe après avoir vécu une étrange EMI. Le temps s'est, pour lui, brusquement figé, et il a pu pénétrer dans une dimension extraordinaire où brillait la lumière ineffable du Graal, « faite d'amour et de connaissance absolus ». À la fin du XVIe siècle, Montaigne, victime d'un grave accident, relate dans ses Essais cette étrange approche de la mort qui lui a permis de l'« apprivoiser ». « Il me semblait que la vie ne me tenait plus qu'au bout des lèvres : je fermais les yeux pour aider, ce me semblait, à la pousser hors, et prenais plaisir à m'alanguir et à me laisser aller. C'était une imagination qui ne faisait que nager superficiellement en mon âme, aussi tendre et aussi faible que tout le reste, mais à la vérité non seulement exempte de déplaisir, [mais] mêlée à cette douceur que sentent ceux qui se laissent glisser au sommeil…»   
On pourrait également citer le film documentaire de Françoise Gilliand, Aux frontières de la mort, réalisé par la Télévision Suisse Romande, dans lequel quatre personnes témoignent avec émotion de l'expérience qui a bouleversé leur vie et nous emmènent parfois au-delà du « scientifiquement correct ». Refroidies par le scepticisme de leur entourage, elles n'en avaient jusque-là guère parlé…  

à Partir et revenir
Le médecin américain Raymond Moody, docteur en philosophie, a été l'un des premiers à rapporter les témoignages de personnes ayant subi une EMI et à tenter d'en dégager des constantes. Dans La vie après la vie, ouvrage de référence qui a connu un succès mondial retentissant, il livre les récits de 150 Américains ayant échappé à la mort. À grands traits, l'éditeur résume ainsi leur extraordinaire expérience : « Un homme meurt, entend le constat du médecin, se voit sur son lit de mort, entouré de ses proches […]. Un bourdonnement retentit, et c'est la traversée du tunnel […] jusqu'à un lieu de paix et de beauté. L'homme, abandonnant son ancien corps, marche vers un être de lumière. Soudain un mur ! Et c'est le retour à la vie terrestre… ».
Depuis, de nombreuses études menées par d'éminents spécialistes de toutes disciplines ont été publiées, ainsi qu'un second livre du Dr Moody : Lumières nouvelles sur la vie après la vie. On peut dégager, malgré quelques variantes, un schéma type de toutes ces expériences, qui laisse apparaître sept étapes. (cf. document scanné)

















lunes, 23 de julio de 2012

Roberto Bolaño, 2666


Roberto Bolaño, 2666

Edición ANAGRAMA-Colección Compactos

Leído entre febrero y abril de 2012


Roberto Bolaño (1953-2003), nacido en Chile, narrador y poeta, es uno de los escritores latinoamericanos imprescindibles de nuestro tiempo. En Anagrama se han publicado los ensayos de Entre paréntesis, sus libros de cuentos Llamadas telefónicas, Putas asesinas y El gaucho insufrible, y las novelas La pista de hielo, Estrella distante, Amuleto, Una novelita lumpen, Monsieur Pain, Nocturno de Chile, Amberes y Los detectives salvajes (Premio Herralde de Novela y Premio Rómulo Gallegos). Póstumamente se han publicado 2666, que ha obtenido numerosos galardones, El secreto del mal, La universidad Desconocida y El Tercer Reich.


A cuatro profesores de literatura, Jean-Claude Pelletier, Piero Morini, Manuel Espinoza y Liz Norton, los une su fascinación por la obra de Beno von Archimboldi, un enigmático escritor alemán cuyo prestigio crece en todo el mundo. Su complicidad adquiere trazas de vodevil intelectual y cosmopolita –con ménage à trois incluido–, y desemboca en un disparatado peregrinaje a Santa Teresa (trasunto de Ciudad Juárez), donde hay quien dice que Archimboldi ha sido visto. Ya allí, Pelletier y Espinoza se enteran de que la ciudad viene siendo desde años atrás escenario de una larga cadena de crímenes atroces. En los vertederos de la ciudad aparecen cadáveres de mujeres, muchas de ellas apenas adolescentes, con señales de haber sido salvajemente violadas y torturadas. Es el primer asomo de la novela al agujero negro en que se precipitarán sus múltiples y procelosos caudales, repletos de personajes memorables cuyas historias, a caballo entre la risa y el horror, abarcan dos continentes e incluyen un vertiginoso travelling por la historia europea del siglo XX, por las ruinas de una cultura y una civilización en derrota en las que la literatura continúa invocando un simulacro de salvación. Asombroso alarde de audacia y de poderío narrativo, 2666 se propone como una nueva y revolucionaria modalidad de novela total. El número 266 bien podría ser la fecha inscrita en la lápida que nos descubre a todos, personajes y lectores, como habitantes de un futuro cementerio olvidado, poblado de voces. Y confirma sobradamente el veredicto de Susan Sontag: "El más influyente y admirado novelista en lengua española de su generación. Su muerte, a los cincuenta años, es una gran pérdida para la literatura".
"Una gran novela de novelas, sin duda la mejor de su producción, tan prematuramente interrumpida" (Ana María Moix, El País).
"Una novela abierta como Los detectives salvajes, inacabable, más que inacabada" (Ignacio Echevarría, Diario de Girona).
"Lo que aquí se persigue y se alcanza es la novela total, que ubica al autor de 2666 en el mismo equipo que Cervantes, Sterne, Melville, Proust, Musil y Pynchon" (Rodrigo Fresán, Qué leer).


PASAJES SELECCIONADOS


La parte de los críticos

Pág. 17: Sobre Pelletier, Morini y Archimboldi
Jean-Claude Pelletier nació en 1961 y en 1986 era ya catedrático de alemán en París. Piero Morini nació en 1956, en un pueblo cercado de Nápoles, y aunque leyó por primera vez a Benno von Archimboldi en 1976, es decir cuatro años antes que Pelletier, no sería sino hasta 1988 cuando tradujo su primera novela del autor alemán, Bifurcaria bifurcata, que pasó por las librerías italianas con más pena que gloria.

Pág. 19: Sobre Espinoza
… algo que a Espinoza le traía sin cuidado pues el brillo que él codiciaba no era el del traductor sino el del escritor.

Pág. 21: Sobre Espinoza
En 1990, alcanzó el doctorado en literatura alemana con un trabajo sobre Benno von Archimboldi que una editorial barcelonesa publicaría un año después.

Pág. 22: Sobre Liz Norton
… de Liz Norton se podía decir que era una mujer a la que le resultaba más fácil dejar de fumar que ir a la guerra.
… Su descubrimiento de Archimboldi fue el menos traumático o poético de todos. Durante los tres meses que vivió en Berlín, en 1988, a la edad de veinte años, un amigo alemán le prestó una novela de un autor que ella desconocía. El nombre  le causó extrañeza, ¿cómo era posible, le preguntó a su amigo, que existiera un escritor alemán que se apellidara como un italiano y que sin embargo tuviera el von, indicativo de cierta nobleza, precediendo el nombre? El amigo alemán no supo qué contestarle. Probablemente era un seudónimo, le dijo.

Pág. 44: Sobre Marlene Dietrich
… según confesaría Pelletier mucho después, a Marlene Dietrich, una mujer que a pesar de los años conservaba intacta su determinación, una mujer que no se aferraba a los bordes del abismo sino que caía al abismo con curiosidad y elegancia. Una mujer que caía al abismo sentada.

Pág. 66: relación de Liz Norton con Pelletier y Espinoza
 Si su amiga más íntima (que no la tenía) le hubiera preguntado a Norton con cuál de sus dos amigos lo pasaba mejor en la cama, ésta no hubiera sabido qué responder.
A veces pensaba que Pelletier era un amante más cualificado. Otras veces pensaba que era Espinoza. Observado el asunto desde fuera, digamos desde un ámbito rigurosamente académico, se podría decir que Pelletier tenía más bibliografía que Espinoza, el cual solía confiar en estas lides más en el instinto que en el intelecto, y que tenía la desventaja de ser español, es decir de pertenecer a una cultura que muchas veces confundía el erotismo con la escatología y la pornografía con la coprofagia, equívoco que se hacía notar (por su ausencia) en la biblioteca mental de Espinoza, quien había leído por primera vez al marqués de Sade sólo para contrastar (y rebatir) un artículo de Pohl en donde éste veía conexiones entre Justine y La filosofía en el boudoir y una novela de la década del cincuenta de Archimboldi.
Pelletier, en cambio, había leído al divino marqués a los dieciséis años y a los dieciocho había hecho un ménage à trois con dos compañeras de universidad y su afición adolescente por los cómics eróticos se había transformado en un adulto y razonable y mesurado coleccionismo de obras literarias licenciosas de los siglos XVII y XVIII. Hablando en términos figurados: Mnemósine, la diosa-montaña y la madre de las nueve musas, estaba más cerca del francés que del español. Hablando en plata: Pelletier podía aguantar seis horas follando (y sin correrse) gracias a su bibliografía mientras que Espinoza podía hacerlo (corriéndose dos veces, y a veces tres, y quedando medio muerto) gracias a su ánimo, gracias a su fuerza.

Pág. 93: sobre el significado de la palabra badulaque
-Pues entonces usted es un cretino –dijo Espinoza.
-O un ignorante, por lo menos –dijo Pelletier.
-En cualquier caso, un badulaque –dijo Espinoza.
Pritchard no entendió el significado de la palabra badulaque, que Espinoza pronunció en español. Tampoco Norton lo entendió y quiso saberlo.
-Badulaque –dijo Espinoza- es alguien inconsistente, también puede aplicarse esta palabra a los necios, pero hay necios consistentes, y badulaque se aplica sólo a los necios inconsistentes.

Pág. 115: opinión de Espinoza sobre las putas
-A las putas –le dijo Espinoza la noche en que Pelletier le habló de Vanessa- hay que follárselas, no servirles de psicoanalista.

Pág.  158: sobre quién es el mejor escrito alemán del siglo XX
Amalfitano supo entonces que nunca había visto en persona a Archimboldi. La historia le pareció, sin que pudiera decir a ciencia cierta por qué, divertida, y les preguntó los motivos por los que querían encontrarlo si estaba claro que Archimboldi no quería que nadie lo viera. Porque nosotros estudiamos su obra, dijeron los críticos. Porque se está muriendo y no es justo que el mejor escritor alemán del siglo XX se muera sin poder hablar con quienes mejor han leído sus novelas. Porque queremos convencerlo de que vuelva a Europa, dijeron.
-Yo creía –dijo Amalfitano- que el mejor escritor alemán del siglo veinte era Kafka.
Bueno, pues entonces el mejor escritor alemán de la posguerra o el mejor escritor alemán de la segunda mitad del siglo XX, dijeron los críticos.
-¿Han leído a Peter Handke? –les preguntó Amalfitano-. ¿Y Thomas Bernhard?
Uf, dijeron los críticos y a partir de este momento hasta que dieron por concluido el desayuno Amalfitano fue atacado hasta quedar reducido a una especie de Periquillo Sarniento abierto en canal y sin una sola pluma.


La parte de Amalfitano

Pág. 224: sobre la carrera de las letras en España
Algún día él saldrá de aquí, dijo Gorka alisándose las cejas, algún día el público de España tendrá que reconocerlo como uno de los grandes, no digo yo que le vayan a dar algún premio, qué va, el Príncipe de Asturias no lo va a tastar ni tampoco el Cervantes ni mucho menos va a apoltronarse en un sillón de la Academia, la carrera de las letras en España está hecha para los arribistas, los oportunistas y los lameculos, con perdón de la expresión. Pero algún día él saldrá de aquí. Eso es un hecho. Algún día yo también saldré de aquí. Y todos mis pacientes y los pacientes de mis colegas.

Pág. 252: de quiénes son más maricones, los chilenos o los italianos
El padre de Amalfitano opinaba que todos los chilenos eran unos maricones. Amalfitano, que tenía diez años, le decía: pero, papá, más bien los italianos son los maricones, fíjese si no en la Segunda Guerra Mundial. El padre de Amalfitano miraba muy serio a su hijo cuando éste decía tales palabras. Su padre, el abuelo de Amalfitano, había nacido en Nápoles. Y él mismo siempre se sintió más italiano que chileno.
… Después venían las invectivas: los boxeadores chilenos son todos unos maricones, los habitantes de este país de mierda son todos unos maricones, todos sin excepción, dispuestos a dejarse engañar, dispuestos a dejarse comprar, dispuestos a bajarse los pantalones cuando uno sólo les ha pedido que se quiten en reloj. A lo que Amalfitano, que a los diez años no leía revistas deportivas sino de historia, sobre todo de historia bélica, respondía que ese puesto más bien lo tenían reservado los italianos y que a la Segunda Guerra Mundial se remitía. Su padre entonces se quedaba en silencio, mirando al hijo con franca admiración y orgullo, como preguntándose de dónde demonios había salido ese niño, y luego seguía en silencio durante otro rato y luego le decía en voz baja, como si le contara un secreto, que los italianos individualmente eran valientes. Y admitía que en masa sólo hacían el payaso. Y resumía que eso, precisamente, era lo que aún daba esperanzas.

Pág. 257: sobre el significado de la palabra chincuales
Amalfitano preguntó educadamente qué quería decir la palabra chincuales, que jamás hasta entonces había oído. ¿De verdad?, dijo Augusto Guerra. Se lo juro, dijo Amalfitano. Entonces el decano llamó a la profesora Pérez y le dijo: Silvita, ¿usted sabe el significado de la palabra chincuales? La profesora Pérez se cogió del brazo de Amalfitano, como si fueran novios, y honestamente confesó que no tenía ni la más remota idea, aunque la palabra, en sí, no le fuera del todo desconocida. Vaya pandilla de brutos, pensó Amalfitano. La palabra chincuales, dijo Augusto Guerra, tiene, como todas las palabras de nuestra lengua, muchas acepciones. En principio, designa los puntitos rojos, ¿sabe?, que dejan en nuestra piel las picadas de las pulgas o de las chinches. Esas picadas causan escozor y la pobre gente que la padece no para de rascarse, como es lógico. De ahí viene una segunda acepción, la que designa a las personas inquietas, que se contorsionan y se rascan, que no dejan de moverse y ponen nerviosos a los involuntarios espectadores que los contemplan. Digamos, como la sarna europea, como los sarnosos que tanto abundan en Europa y que contraen esa enfermedad en los aseos públicos o en esas horrendas letrinas francesas, italianas y españolas. Y de esta acepción viene la última acepción, la acepción guerrista, como si dijéramos, que designa a los viajeros, a los aventureros del intelecto, a los que no se pueden estar quietos mentalmente.

Pág. 271: sobre duendecillos y almas en pena
Por supuesto, se dijo, él no creía en fantasmas ni en espíritus, aunque durante su infancia en el sur de Chile la gente hablaba de la mechona que esperaba a los jinetes subida a la rama de un árbol, desde donde se dejaba caer el anca de los caballos, abrazando por la espalda al huaso o al vaquero o al contrabandista, sin soltarse, como una amante cuyo abrazo enloquecía tanto al jinete como al caballo, los cuales se morían del susto o terminaban en el fondo de un barranco, o el colocolo, o los chonchones, o las candelillas, o tantos otros duendecillos, almas en pena, íncubos y súcubos, demonios menores que moraban entre la cordillera de la Costa y la cordillera de Los Andes, pero en los que él no creía, no precisamente por su formación filosófica (Schopenhauer, sin ir más lejos, creía en fantasmas, y a Nietzsche seguramente se le apareció uno que lo enloqueció), sino por su formación materialista.

Pág. 276-277: sobre la araucanía
El libro se llamaba O'Higgins es araucano, y se subtitulaba 17 pruebas, tomadas de la Historia Secreta de la Araucanía.
… Bernardo O'Higgins… Bernardo no es el hijo ilegítimo que describen con lástima algunos historiadores, mientras otros no logran disimular su complacencia. Es el gallardo hijo legítimo del Gobernador de Chile y Virrey del Perú, Ambrosio O'Higgins, irlandés, y de una mujer araucana, perteneciente a una de las principales tribus de la Araucanía. El matrimonio fue consagrado por la ley del Admapu, con el tradicional Gapitun (ceremonia del rapto). La biografía del Libertador rasga el milenario secreto araucano, justo en el Bicentenario de su Natalicio; salta del Litrang* al papel, con la fidelidad con que sólo un epeutufe sabe hacerlo."
… Por ejemplo, el único asterisco. Litrang: pizarra de piedra laja en que los araucanos grababan su escritura. ¿Pero por qué poner un asterisco junto a la palabra litrang y no hacerlo junto a las palabras admapu o epeutufe? ¿El cacique de Puerto Saavedra daba por sentado que éstas eran de sobra conocidas?

Pág. 278: sobre la araucanía
… libro de Kilapán. 17 pruebas. La prueba número 1 se titulaba Nación en el estado araucano. Allí se podía leer lo siguiente: "El Yekmonchi(1) llamado Chile(2), geográfica y políticamente era igual al Estado griego, y como él, formando un delta, entre los paralelos 35 al 42, latitud respectiva."

… La nota 1 aclaraba que Yekmonchi significaba Estado. La nota 2 afirmaba que Chile era una palabra griega cuya traducción era "tribu lejana".

Pág. 281: cruce de miradas
En algún momento de la cena Amalfitano creyó notar un cruce de miradas más bien turbio entre el rector y su mujer. En los ojos de ella percibió algo que podría asemejarse al odio. La cara del rector, por el contrario, manifestó un miedo súbito que duró lo que dura el aleteo de una mariposa. Pero Amalfitano lo notó y por un instante (el segundo aleteo) el miedo del rector estuvo a punto de rozarle también a él la piel. Cuando se recuperó y miró a los demás comensales se dio cuenta de que nadie había percibido esa mínima sombra como un hoyo cavado aprisa y de donde se desprendía una fetidez alarmante.

Pág. 284: ley del admapu
La ley del admapu ordenaba que los hijos fueran engendrados en verano, cuando todos los frutos están maduros; en esta forma nacen en la primavera cuando la tierra despierta con toda su fuerza; cuando nacen todos los animales y las aves.

Pág. 284-285: los araucanos y la telepatía
Por lo que se concluía que, 1: todos los araucanos o buena parte de éstos eran telépatas. 2: la lengua araucana estaba estrechamente ligada a la lengua de Homero. 3: los araucanos viajaban por todas partes del globo terráqueo, especialmente por la India, por la primitiva Germania y por el Peloponeso. 4: los araucanos eran unos estupendos navegantes. 5: los araucanos tenían dos clases de escritura, una basada en nudos y la otra en triángulos, esta última secreta. 6: no quedaba muy claro en qué consistía la comunicación que Kilapán llamaba adkintuwe y que los españoles, aunque se percataron de su existencia, nunca fueron capaces de traducir. ¿Tal vez el envío de mensajes por medio del movimiento de las ramas de árboles situados en lugares estratégicos como cimas de montes? ¿Algo similar a la comunicación por medio de humo de los indios de las praderas de Norteamérica? 7: por el contrario, la comunicación telepática jamás fue descubierta y si en algún momento dejó de funcionar fue porque los españoles mataron a los telépatas. 8: la telepatía, por otra parte, permitió que los araucanos de Chile se mantuvieran en contacto permanente con los emigrantes de Chile desparramados por lugares tan peregrinos como la poblada India  o la verde Alemania. 9: ¿se debía deducir de todo esto que Bernardo O'Higgins también era telépata? ¿Se debía deducir que el propio autor, Lonko Kilapán, era telépata? Pues sí, se debía deducir.

Pág. 286: quien se comporta como tal
Aunque, por supuesto, cabía ver otras escenas o cabía ver ese cuadro desgraciado desde otras perspectivas. Y así como el libro empezaba con un recto a la mandíbula (el Yekmonchi llamado Chile, geográfica y políticamente era igual al Estado griego), el lector activo preconizado por Cortázar podía empezar la lectura con una patada en los testículos del autor y ver de inmediato en éste a un hombre de paja, un factótum al servicio de algún coronel de Inteligencia, o tal vez de algún general con ínfulas de intelectual, lo que tampoco, tratándose de Chile, era muy raro, más bien lo raro hubiera sido lo contrario, en Chile los militares se comportaban como escritores y los escritores, para no ser menos, se comportaban como militares, y los políticos (de todas las tendencias) se comportaban como escritores y como militares, y los diplomáticos se comportaban como querubines cretinos, y los médicos y abogados se comportaban como ladrones, y así hubiera podido seguir hasta la náusea, inasequible al desaliento.

Pág. 287: Kilapán
Kilapán era el lujo del castellano hablado y escrito en Chile, en sus fraseos aparecía no sólo la nariz apergaminada del abate Molina, sino las carnicerías de Patricio Lynch, los interminables naufragios de la Esmeralda, el desierto de Atacama y las vacas pastando, las becas Guggenheim, los políticos socialistas alabando la política económica de la dictadura militar, las esquinas donde se vendían sopaipillas fritas, el mote con huesillos, el fantasma del muro de Berlín que ondeaba en las inmóviles banderas rojas, los maltratos familiares, las putas de buen corazón, las casas baratas, lo que en Chile llamaban resentimiento y que Amalfitano llamaba locura.

Pág. 289: las grandes obras y los grandes maestros
… el gusto de este joven farmacéutico ilustrado, que tal vez en otra vida fue Trakl o que tal vez en ésta aún le estaba deparado escribir poemas tan desesperados como su lejano colega austriaco, que prefería claramente, sin discusión, la obra menor a la obra mayor. Escogía La metamorfosis en lugar de El proceso, escogía Bartleby en lugar de Moby Dick, escogía Un corazón simple en lugar de Bouvard y Pécuchet, y Un cuento de Navidad en lugar de Historia de dos ciudades o de El Club Pickwick. Qué triste paradoja, pensó Amalfitano. Ya ni los farmacéuticos ilustrados se atreven con las grandes obras, imperfectas, torrenciales, las que abren camino en lo desconocido. Escogen los ejercicios perfectos de los grandes maestros. O lo que es lo mismo: quieren ver a los grandes maestros en sesiones de esgrima de entrenamiento , pero no quieren saber nada de los combates de verdad, en donde los grandes maestros luchan contra aquello, ese aquello que nos atemoriza a todos, ese aquello que acoquina y encacha, y hay sangre y heridas mortales y fetidez.


La parte de Fate

Pág. 320: Receta del pato a la naranja
Es la del pato a la naranja. No es recomendable para comer cada día, porque no es barato y además su elaboración no debe ser inferior a una hora y media, pero una vez cada dos meses o cuando se celebra un cumpleaños, no está mal. Éstos son los ingredientes para cuatro personas. Un pato de un kilo y medio, veinticinco gramos de mantequilla, cuatro dientes de ajo, dos vasos de caldo, un ramillete de hierbas, una cucharada de tomate concentrado, cuatro naranjas, cincuenta gramos de azúcar, tres cucharadas de brandy, tres cucharadas de vinagre, tres cucharadas de jerez, pimienta negra, aceite y sal. Luego Seaman explicó las diferentes fases de la preparación y cuando hubo terminado de explicarlas sólo dijo que aquel pato era una excelente comida.

Pág. 326: Compendio abreviado de la obra de Voltaire
Y vosotros, que sois tan amables, ahora os estaréis preguntando: ¿qué era lo que leías, Barry? Lo leía todo. Pero sobre todo recuerdo un libro que leí en uno de los momentos más desesperados de mi vida y que me devolvió la serenidad. ¿Qué libro es ése? ¿Qué libro es ése? Pues ése es un libro que se llama Compendio abreviado de la obra de Voltaire y les aseguro que es muy útil o al menos para mí fue de gran utilidad.

Pág. 359: cuestión de identidad
Soy americano. ¿Por qué no dije soy afroamericano? ¿Por qué estoy en el extranjero? ¿Pero puedo considerar en el extranjero cuando, si quisiera, podría ahora mismo irme caminando, y no caminar demasiado, hasta mi país? ¿Eso significa que en algún lugar soy americano y en algún lugar soy afroamericano y en algún otro lugar, por pura lógica, soy nadie?


La parte de los crímenes

Pág. 444: Pedro Negrete, el jefe de policía…

Pág. 454: pinta de lampiño
No se había afeitado desde hacía días, aunque esto se notaba poco porque era lampiño. ¿Cómo sabía el sacristán que era lampiño?, quiso saber Juan de Dios Martínez. Por la forma en que le salían los pelos en la jeta, pocos y mal avenidos, como pegoteados a ciegas por su chingada madre y por el culero mamavergas de su padre, dijo el sacristán.

Pág. 456: esto es muchos años
Cuando volvió al despacho de la directora le preguntó cuánto tiempo hacía que dirigía el manicomio. Un titipuchal de años, dijo ella riéndose.

Pág. 466: el basurero El Chile
El basurero no tiene nombre oficial, porque es clandestino, pero sí tiene nombre popular: se llama El Chile. Durante el día no se ve un alma por El Chile ni por los baldíos aledaños que el basurero no tardará en engullir. Por la noche aparecen los que no tienen nada o menos que nada. En México DF los llaman teporochos, pero un teporocho es un señorito vividor, un cínico reflexivo y humorista, comparado con los seres humanos que pululan solitarios o en pareja por El Chile. No son muchos. Hablan una jerga difícil de entender. La policía preparó una redada la noche siguiente al hallazgo del cadáver de Emilia Mena Mena y sólo pudo detener a tres niños que rebuscaban cartones en la basura. Los habitantes nocturnos de El Chile son escasos. Su esperanza de vida, breve. Mueren a lo sumo a los siete meses de transitar por el basurero. Sus hábitos alimenticios y su vida sexual son un misterio. Es probable que hayan olvidado comer y coger. O que la comida y el sexo para ellos ya sea otra cosa, inalcanzable, inexpresable, algo que queda fuera de la acción y la verbalización. Todos, sin excepción, están enfermos. Sacarle la ropa a un cadáver de El Chile equivale a despellejarlo. La población permanece estable: nunca son menos de tres, nunca son más de veinte.

Pág. 473-474: la sacrofobia
Sacrofobia, dijo el judicial. ¿Y eso qué es?, dijo González. Miedo y aversión a los objetos sagrados, dijo el judicial. Según éste, el Penitente no profanaba iglesias con la intención premeditada de matar. Las muertes eran accidentales, el Penitente lo único que quería era descargar su ira sobre las imágenes de los santos.

Pág. 477-478-479: sobre fobias
Hay cosas más raras que la sacrofobia, dijo Elvira Campos, sobre todo si tenemos en cuenta que estamos en México y que aquí la religión siempre ha sido un problema, de hecho, yo diría que todos los mexicanos, en el fondo, padecemos de sacrofobia. Piensa, por ejemplo, en un miedo clásico, la gefidrofobia. Es algo que padecen muchas personas. ¿Qué es la gefidrofobia?, dijo Juan de Dios Martínez. Es el miedo a cruzar puentes. Es cierto, yo conocí a un tipo, bueno, en realidad era un niño, que siempre que cruzaba un puente temía que éste se cayera, así que los cruzaba corriendo, lo cual resultaba mucho más peligroso. Es un clásico, dijo Elvira Campos. Otro clásico: la claustrofobia. Miedo a los espacios cerrados. Y otro más: la agorafobia. Miedo a los espacios abiertos. Ésos los conozco, dijo Juan de Dios Martínez. Otro clásico más: la necrofobia. Miedo a los muertos, dijo Juan de Dios Martínez, he conocido gente así. Si trabajas como policía resulta un lastre. También está la hematofobia, miedo a la sangre. Muy cierto, dijo Juan de Dios Martínez. Y la pecatofobia, miedo a cometer pecados. Pero luego hay otros miedos que son más raros. Por ejemplo, la clinofobia. ¿Sabes qué es? Ni idea, dijo Juan de Dios Martínez. Miedo a las camas. ¿Puede alguien tener miedo o aversión a una cama? Pues sí, hay gen te que sí, Pero esto se puede atenuar durmiendo en el suelo y no entrando jamás a un dormitorio. Y luego está la tricofobia, que es el miedo al pelo. Un poco más complicado, ¿verdad? Complicadísimo. Hay casos de tricofobia que acaban en suicidio. Y también está la verbofobia, que es el miedo a las palabras. En ese caso lo mejor es quedarse callado, dijo Juan de Dios Martínez. Es un poco más complicado que eso, porque las palabras están en todas partes, incluso en el silencio, que nunca es un silencio total, ¿verdad? Y luego tenemos la vestiofobia, que es el miedo a la ropa. Parece raro pero está mucho más extendido de lo que parece. Y uno relativamente común: la iatrofobia, que es el miedo a los médicos. O la ginefobia, que es el miedo a la mujer y que lo padecen, naturalmente, sólo los hombres. Extendidísimo en México, aunque disfrazado con los ropajes más diversos. ¿No es un poco exagerado? Ni un ápice: casi todos los mexicanos tienen miedo de las mujeres. No sabría qué decirle, dijo Juan de Dios Martínez. Luego hay dos miedos que en el fondo son muy románticos: la ombrofobia y la talasofobia, que son, respectivamente, el miedo a la lluvia y el miedo al mar. Y otros dos que también tienen algo de románticos: la antofobia, que es el miedo a las flores, y la dendrofobia, que es el miedo a los árboles. Algunos mexicanos padecen ginefobia, dijo Juan de Dios Martínez, pero no todos, no sea usted alarmista. ¿Qué cree usted que es la optofobia?, dijo la directora. Opto, opto, algo relacionado con los ojos, híjole, ¿miedo a los ojos? Aún peor: miedo a abrir los ojos. En sentido figurado, esto contesta lo que me acaba de decir sobre la ginefobia. En sentido literal, produce trastornos violentos, pérdidas de conocimiento, alucinaciones visuales  y auditivas y un comportamiento, por lo general, agresivo. Conozco, no personalmente, claro, dos casos en los que el paciente llegó hasta la automutilación. ¿Se sacó los ojos? Con los dedos, con las uñas, dijo la directora. Sopas, dijo Juan de Dios Martínez. Luego tenemos, por supuesto, la pedifobia, que es el miedo a los niños, y la balistofobia, que es el miedo a las balas. Esa fobia es la mía, dijo Juan de Dios Martínez. Sí, supongo que es de sentido común, dijo la directora. Y otra fobia, ésta en aumento, es la tropofobia, que es el miedo a cambiar de situación o lugar. Que se puede agravar si la tropofobia deviene agirofobia, que es el miedo a las calles o a cruzar una calle. Sin olvidarnos de la cromofobia, que es el miedo a ciertos colores, o la nictofobia, que es el miedo a la noche, o la ergofobia, que es el miedo al trabajo. Un miedo muy extendido es la decidofobia, que es el miedo a tomar decisiones. Y un miedo que empieza recién a extenderse es la antropofobia, que es el miedo a la gente. Algunos indios padecen de forma muy acentuada la astrofobia, que es el miedo a los fenómenos meteorológicos, como truenos, rayos, relámpagos. Pero las peores fobias, a mi entender, son la pantofobia, que es tenerle miedo a todo, y la fobofobia, que es el miedo a los propios miedos. ¿Si usted tuviera que sufrir una de las dos, cuál elegiría? La fobofobia, dijo Juan de Dios Martínez. Tiene sus inconvenientes, piénselo bien, dijo la directora. Entre tenerle miedo a todo y tenerle miedo a mi propio miedo, elijo este último, no se olvide que soy policía y que si tuviera miedo a todo no podría trabajar. Pero si les tiene miedo a sus miedos su vida se puede convertir en una observación constante del miedo, y si éstos se activan, lo que se produce es un sistema que se alimenta a sí mismo, un rizo del que le resultaría difícil escapar, dijo la directora.
  
Pág. 591: el pozole
¿Sabes de dónde viene el pozole, Lalito?, dijo. No, ni idea, dijo Lalo Cura. No es una comida del norte sino del centro del país. Es un plato típico del DF. Lo inventaron los aztecas, dijo. ¿Los aztecas?, pues está rico, dijo Lalo Cura.

Pág. 609: retrato de un feo
Haas compartía la celda con otros cinco reclusos. El que mandaba era un tipo llamado Farfán. Tenía cerca de cuarenta años y Haas nunca había visto un hombre más feo. El pelo le crecía desde la mitad de la frente, tenía ojos de ave rapaz puestos como al azar en medio de una cara de filiación porcina. Era panzudo y olía mal. Tenía un bigote ralo, que crecía de forma despareja y al que se le solía adherir restos minúsculos de comida. Las raras ocasiones en que se reía lo hacía como un burro y sólo en aquellos momentos su rostro parecía soportable.

Pág. 636: bar El Pelícano
En junio fue asesinada una bailarina del bar El Pelícano. Según los testigos presenciales, la bailarina estaba en el salón, bailando semidesnuda, cuando apareció su esposo, Julián Centeno, quien sin cruzar una sola palabra con la víctima le descerrajó cuatro balazos. La bailarina, conocida con el nombre de Paula o de Paulina, aunque en otros locales de Santa Teresa también se la conocía con el nombre de Norma, cayó fulminada y no recuperó la conciencia, pese a que dos de sus compañeros intentaron reanimarla. Cuando llegó la ambulancia estaba muerta.


La parte de Archimboldi


Pág. 797:  el mar y los ingleses, y el bosque y los alemanes
En 1920 nació Hans Reiter. No parecía un niño sino un alga. Canetti y creo que también Borges, dos hombres tan distintos, dijeron que así como el mar era el símbolo o el espejo de los ingleses, el bosque era la metáfora en donde vivían los alemanes. De esta regla quedí fuera Hans Reiter desde el momento de nacer. No le gustaba la tierra y menos aún los bosques. Tampoco le gustaba el mar o lo que el común de los mortales llama mar y que en realidad sólo es la superficie del mar, las olas erizadas por el viento que poco a poco se han ido convirtiendo en la metáfora de la derrota y la locura. Lo que le gustaba era el fondo del mar, esa otra tierra, llena de planicies que no eran planicies y valles que no eran valles y precipicios que no eran precipicios.

Pág. 898: Ivánov y Gorki
Si Stendhal, como se dice, bailó al leer la crítica que Balzac hizo sobre La Cartuja de Parma, Ivánov derramó incontables lágrimas de felicidad al recibir la cara de Gorki.

Pág. 926: sobre la apariencia
La posibilidad, no obstante, de que todo aquello no fuera otra cosa que apariencia lo preocupaba. La apariencia era una fuerza de ocupación de la realidad, se dijo, incluso de la realidad más extrema y limítrofe.

Pág. 936: cosas de traducción
Los soldados y los civiles quisieron ver sus heridas y se tuvo que desnudar y enseñárselas. Uno de los civiles, uno que hablaba un alemán con acento berlinés, le preguntó si comía bien en el campo de prisioneros. Reiter dijo que comía como un rey y cuando el que había hecho la pregunta le tradujo para los demás todos se rieron.
-¿Te gusta la comida americana? –dijo uno de los soldados.
El civil tradujo la pregunta y Reiter dijo:
-La carne americana es la mejor carne del mundo.
Todos volvieron a reírse.
-Tienes razón –dijo el soldado-, pero eso que comes no es carne americana sino comida para perros.
Esta vez la risa hizo que el traductor (que prefirió no traducir la respuesta) y algunos de los soldados se cayeran al suelo.

Pág. 1027: historia de Sísifo
También cabía la posibilidad, pensó Bubis, de que fueran amantes, pues es bien sabido que  a menudo los amantes adoptaban los gestos del otro, generalmente las sonrisas, las opiniones, los puntos de vista, en fin, la parafernalia superficial que todo ser humano está obligado a cargar hasta su muerte, como la piedra de Sísifo, considerado el más listo de los hombres, Sísifo, sí, Sísifo, el hijo de Éolo y Enáreta, el fundador de la ciudad de Éfira, que es el nombre antiguo de Corinto, una ciudad que el buen Sísifo convirtió en guarida de sus alegres fechorías, pues con esa soltura de cuerpo que lo caracterizaba y con esa disposición intelectual que en todo giro del destino ve un problema de ajedrez o una trama policiaca a clarificar y con esa querencia por la risa u la broma y la chanza y la chacota y la chunga y el ludibrio y el pitorreo y la chuscada y la chirigota y el choteo y la pulla y el remedo y la ingeniosidad y la burla y la cuchufleta, se dedicó a robar, es decir a despojar de sus bienes a cuantos viajeros pasaban por allí, llegando incluso a robar a su vecino Autólico, que también robaba, tal vez con la improbable esperanza de que quien roba a un ladrón tiene cien años de perdón, y de cuya hija, Anticlea, se sintió prendado, pues Anticlea era muy hermosa, un bombón, pero la tal Anticlea tenía novio formal , es decir estaba comprometida con un tal Laertes, posteriormente famoso, lo que no hizo retroceder a Sísifo, el cual contaba además con la complicidad del padre de la muchacha, el ladrón Autólico, cuya admiración por Sísifo había crecido como crece la estima que un artista objetivo y honrado siente por otro artista de dotes superiores, así que digamos que Autólico se mantuvo fiel, pues era un hombre de honor, a la palabra dada a Laertes, pero tampoco veía con malos ojos o como burla y escarnio hacia su futuro yerno los escarceos amorosos que Sísifo prodigaba a su hija, la cual finalmente, según se dice, se casó con Laertes pero después de entregarse a Sísifo una o dos veces, cinco o siete veces, es posible que diez o quince veces, siempre con la connivencia de Autólico que deseaba que su vecino fecundara a su hija para así tener un nieto tan astuto como aquél y en una de ésas Anticlea quedó preñada y nueve meses después, ya siendo la mujer de Laertes, nacería su hijo, el hijo de Sísifo, que fue llamado Odiseo o Ulises y que en efecto demostró ser tan astuto como su padre, el cual jamás se preocupó por él y siguió haciendo su vida, una vida de excesos y de fiestas y de placer, durante la cual se casó con Mérope, la estrella que menos brilla en la constelación de las Pléyades , precisamente por haberse casado con un mortal, un jodido mortal, un jodido ladrón, un jodido gángster dedicado a los excesos , cegado por los excesos, entre los cuales, y aunque no era el menor, se contaba la seducción de Tiro, la hija de su hermano Salmoneo, no porque Tiro le gustara, no porque Tiro fuera particularmente sexy, sino porque Sísifo odiaba a su propio hermano y deseaba causarle daño, y por este hecho, tras su muerte, fue condenado a empujar en los infiernos una roca hasta lo alto de una colina, desde donde caía nuevamente hasta la base, y así eternamente, un castigo feroz que no se correspondía con los crímenes o pecados de Sísifo y que más bien era un venganza de Zeus, pues en cierta ocasión, según se cuenta, pasó Zeus por Corinto con una ninfa a la que había raptado y Sísifo, que era más inteligente que el hambre, se quedó con la jugada y luego pasó por allí Asopo, el padre de la muchacha, buscando a su hija como un desesperado, y viéndolo Sísifo se ofreció a darle el nombre del raptor de su hija, eso sí, a cambio de que Asopo hiciera brotar una fuente en la ciudad de Corinto, lo que demuestra que Sísifo delató a Zeus, el cual, enfadadísimo, le envió ipso facto a Tánato, la muerte, que sin embargo no pudo con Sísifo, pues éste, con una jugada de maestro  que no se contradecía con su humor ni con su inteligencia especulativa, capturó y encadenó a Tánato, hazaña al alcance de muy pocos, verdaderamente al alcance de muy pocos, y durante mucho tiempo tuvo a Tánato encadenado y durante todo ese tiempo no murió ser humano sobre la faz de la tierra, una época dorada en la que los hombres, sin dejar de ser hombres, vivían sin el agobio de la muerte, es decir, sin el agobio del tiempo, pues tiempo era lo que sobraba, que es acaso lo que distingue a una democracia, el tiempo sobrante, la plusvalía de tiempo, tiempo para leer y tiempo para pensar, hasta que Zeus tuvo que intervenir personalmente y Tánato fue liberado, y entonces Sísifo murió.

Pág. 1034: el tecleo de la máquina es música para el oído
En ese instante, le dijo Ingeborg a Archimboldi, comprendí que la música podía estar en cualquier cosa. El teclear de la señora Dorothea era tan rápido, tan particular, había tanto de la señora Dorothea en su mecanografía, que pese al ruido o al sonido o a las notas acompasadas de más de sesenta mecanógrafas trabajando a la vez, la música que salía de la máquina de la secretaria más vieja se elevaba muy por encima de la composición colectiva de sus colegas, sin imponerse a éstas, sino acoplándose, ordenándolas, jugando con ellas. A veces parecía llegar hasta los tragaluces, otras veces zigzagueaba a ras del suelo, acariciando los tobillos de los muchachos de pantalón corto y de los visitantes. En ocasiones incluso se daba el lujo de aminorar la marcha y entonces la máquina de escribir de la señora Dorothea parecía un corazón, un enorme corazón latiendo en medio de la niebla y del caos. Pero estos momentos no abundaban. A la señora Dorothea le gustaba la velocidad y su tecleo usualmente iba por delante de todos los demás tecleos, como si abriera camino en medio de una selva muy oscura, dijo Ingeborg, muy oscura, muy oscura…

Pág. 1058: Feuillet y el feuilleton o el folletín
Después hablaron del texto de Daudet, el cual, según Bubis, no era un ejemplo de lapsus cálami sino del humor del escritor, y de El favorito de la suerte, de Octavio Feuillet (Saint-Lô 1821-París 1890), autor de gran éxito en su época, enemigo de la novela realista y naturalista, cuyas obras han caído en el más espantoso olvido, en el más horroroso olvido, en el más merecido olvido, y cuyo lapsus, "el cadáver esperaba, silencioso, la autopsia", de alguna manera prefigura el destino de sus propios libros, dijo el suizo.
-¿No tiene nada que ver ese Feuillet con la palabra francesa feuilleton? –preguntó la anciana Marianne Gottlieb-. Creo recordar que ese término indicaba tanto el suplemento literario del periódico en cuestión como la novela por entregas publicada en el mismo.
-Probablemente son la misma cosa –dijo enigmáticamente el suizo.
-La palabra folletín, ciertamente, viene del nombre de Feuillet, el delfín de las novelas por entregas –lanzó un farol Bubis, que no estaba del todo seguro.

Safiya Hussaini y Raffaele Masto, Yo, Safiya


Safiya Hussaini y Raffaele Masto, Yo, Safiya

Traducción de Juan Manuel Salmerón
Edición CÍRCULO DE LECTORES

Libro leído en julio de 2012


Safiya Hussaini nació en el pequeño poblado de Tungan Tudu, al norte de Nigeria. Su nombre se hizo tristemente famoso cuando un tribunal, adoptando las interpretaciones más estrictas del Corán, la condenó a morir lapidada acusada de cometer delito de adulterio. Gracias al apoyo  de los suyos y a la presión y clamor internacionales, Safiya consiguió salvar la vida. Hoy, su nombre es un símbolo de la lucha, en todo el mundo, por los derechos de la mujer, y de la importancia del activismo global como herramienta para la defensa de los derechos humanos.

Raffaele Masto es un periodista italiano con más de veinte años de experiencia como corresponsal en Latinoamérica, Oriente Próximo y, sobre todo, en África, continente en el que ha cubierto los conflictos más relevantes de los últimos años: los enfrentamientos tribales de Somalia, la guerra de Etiopía y Eritrea, el genocidio de Ruanda o la dictadura de Mobutu en el antiguo Zaire. Coautor de Yo, Safiya (2003), Raffaele Masto ha publicado también La nuova colonizzazione (1998), No global (2001) y L'informazione deviata (2002).


RESUMEN:
"Morir lapidada, ése era mi destino. Me imaginaba enterrada hasta los hombros y con la cabeza cubierta por un trozo de arpillera, sintiendo las fuertes pedradas que llovían sobre mí hasta el último suspiro… sintiendo el dolor, notando cómo la sangre resbalaba por mi cara y preguntándome cuánto duraría aquel suplicio antes de que la muerte viniera a liberarme…

Intentó huir, llevando en sus brazos a su pequeña hija Adama. Con un odre de agua y carne seca para engañar el hambre, Safiya Hussaini se arrojó a la sabana para tratar de escapar de su infame destino: morir lapidada por cometer delito de adulterio. Así lo había dictado el Tribunal Islámico de su tierra y así lo sentenciaba la sharía. Una condena brutal que contemplaba, incluso, la utilización de pequeños guijarros para prolongar el sufrimiento del condenado. Pero Safiya no tenía escapatoria. Nadie le tendería una mano. Nadie la ocultaría. Y entregándose a su sino, aceptó someterse a la sentencia, lejos de ignorar que aquella decisión la llevaría a protagonizar una historia sin precedentes.
Su familia la esperaba en Tungan Tudu, la aldea ubicada al norte de Nigeria que la vio nacer. El clan estaba dispuesto a apoyarla y a apelar el fallo, con escasos medios y hasta el límite de sus posibilidades. No obstante, aquel bárbaro dictamen pronto traspasaría las fronteras de su pequeño mundo. La emisión del reportaje realizado por la BBC sobre el caso de Safiya consiguió movilizar a millones de personas en su defensa con un único objetivo: salvar su vida. Yo, Safiya es el testimonio de una mujer condenada a una muerte atroz, un relato conmovedor que siembre un precedente de esperanza para casos que, lamentablemente, aún se producen en distintas partes del mundo.


ALGUNO APUNTES INTERESANTES...


Pág. 15: sobre el nombre de Safiya
Mi nombre completo es Safiya Hussaini Tungan Tudu, que, traducido, quiere decir: Safiya de la familia de Hussein de Tungan Tudu, mi poblado.
Tungan Tudu se encuentra en Sokoto, uno de los estados musulmanes del norte de Nigeria, en la frontera del Sahel.

Pág. 16: vida del pueblo
En estos poblados la construcción que más destaca es la mezquita, pues es más grande que las otras, tiene una cúpula circular y se halla algo retirada del poblado. Además del sol, que pauta el curso del día, la sabana rige nuestra vida. Nos consideramos hijos de esa ilimitada extensión de color ocre rojizo, constelada de gigantescos kuka (baobab) y de matorrales dispersos. En la sabana apacentamos cabras, vacas y camellos, con su barro construimos nuestras casas y a sus terruños tratamos de sacarles un poco de verdura y algunas hortalizas para el consumo diario.
La mayor amenaza para la vida sencilla y armoniosa de nuestros poblados, sobre todo para la de los niños, son las hienas.

Pág. 17: pueblo hausa / Islam
Ahora bien, para quien se interesa por los habitantes de África, nosotros somos hausa, un pueblo indígena de esta zona de Nigeria que se caracteriza por su alta estatura.
… Desde tiempos inmemoriales mi gente cumple con los preceptos religiosos del islam. La fe religiosa es parte integrante de nuestra vida. La oración da inicio y fin a nuestra jornada y la obediencia a Alá dicta nuestros actos.

Pág. 17-18: las casas son un don de Dios
…Los hausa consideramos que nuestras casas y poblados son un don de Dios. … Construirlas es una especie de rito, una ceremonia de agradecimiento a Alá. Todo el poblado toma parte en ella y en la mezquita se reza para que la nueva casa sea sólida y que quien la habite goce de fortuna y prosperidad. Las paredes circulares se construyen con barro de tierra roja, y como se necesita una gran cantidad de agua, todos los chiquillos del poblado ayudan a traerla del pozo.
…Las paredes de todas las viviendas tienen la misma altura, por lo que el poblado entero, visto desde fuera, parece un solo bloque rodeado por una muralla. En realidad, nuestros poblados no necesitan protegerse ya que la gente de la sabana es pacífica, y todas y cada una de las casas está abierta y sus moradores son muy hospitalarios.

Pág. 19: Los barberos y la circuncisión
En nuestra región la profesión de barbero es muy importante, pasa de una generación a otra y confiere al que la ejerce un aura de sabiduría.
…En los pueblos de nuestra región suele ser el barbero quien realiza la circuncisión, práctica tradicional y religiosa que todo el mundo acata.

Pág. 28: la escuela es un trabajo más
Era un mensaje tácito pero claro: el hecho de ir a la escuela no me dispensaba de las obligaciones que una mujer tiene en nuestra sociedad. La escuela no era sino otro trabajo, mi vida se volvía así más plena y yo tenía que saberlo desde el primer momento.

Pág. 30:  la mujer camina detrás del hombre en público
Él caminaba a paso ligero y acompasado, bien erguido. Yo lo seguía un paso por detrás de él, como la tradición obliga a una mujer que acompaña a un hombre en público.

Pág. 37: aceptar las decisiones callando
Y no decía nada, no movía un dedo… Era lo que siempre hacía cuando mi padre nos comunicaba sus decisiones: callar y aceptarlas. Eso era lo normal, para ella, para mí, para todas las mujeres de mi tierra.

Pág. 42: ceremonia nupcial
Al acabar de leer el Corán, el imam pronunció la fathia, la oración que ponía fin a la ceremonia nupcial, y nos despidió.

Pág. 44-45: platos de la gastronomía nigeriana
Se sirvieron los platos más selectos de nuestra tradición; osobuco y suya –pinchos de carne de ternera-, carne de caza (pollo), cordero o cabra estofada, acompañados siempre de salsas hechas con verduras, como el mia kwuka –jugo de hojas de baobab- y de cazuelas rebosantes de varios tipos de tuwo o fufu –gachas-: el waina miankeshi –gachas de masara (maíz)-, el tuwo shinkafa –gachas de arroz-, el tuwo doya –gachas de ñame- y gachas de mijo. Completaban el banquete el kosei, dulce hecho con harina de alubia frita y servido con tuwo doya también frito, el kulikuli, una especie de torta de harina de cacahuete que se deshace fácilmente, más otros platos a base de dankeri (patata), rogwo (mandioca) o ñame, y la tradicional bebida de mijo fermentada, el burukutu.
La fiesta duró todo el día. A mi alrededor todos comían, bebían, masticaban taba (hoja de tabaco), bromeaban y comentaban admirados la gran ostentación de riqueza que hacía Yussuf.

Pág. 107: sobre la lapidación
Lapidación… ¿en qué consistía? Había oído hablar de eso a los ancianos del poblado cuando era niña. Ahora alguien quería que lo conociera en carne propia. Y sólo por ser culpable de haber caído en la trampa de un hombre sin escrúpulos. Me enteré, aterrorizada, de que la ejecución se desarrollaba de una manera atroz: una vez enterrado el condenado, hasta la cintura si se trataba de un hombre, hasta el pecho si era una mujer, se le cubría la cabeza con un trozo de arpillera y a continuación todos los presentes le tiraban piedras hasta matarlo. Un detalle sobrecogedor: las piedras no debían ser tan grandes como para matar al reo al primer o segundo impacto, pues el tormento debía durar cierto tiempo, ni tan pequeñas que no causaran heridas ni dolor.

Pág. 114: aplicación rigurosa de la ley islámica = una cuestión política
Una gran multitud ocupaba la sala. Mi caso había tomado un cariz político. Aunque no entendía mucho de esas cosas ni me interesaban, sabía que había políticos partidarios de que me condenaran porque eso contribuiría a reforzar la aplicación rigurosa de la ley islámica en la región, mientras que otros, más moderados, defendían la conveniencia de ser más tolerantes, a fin de que nuestro estado no se diferenciara tanto de otros estados de Nigeria, en lo que regían leyes distintas.

Pág. 147: solidaridad de las mujeres del poblado
Todo aquel revuelo había acabado por despertar la solidaridad del poblado que a veces había echado de menos, pero cuya ausencia podía comprender: vivir en un poblado como Tungan Tudu significa regirse por reglas de vida tradicional que se repiten desde hace siglos y que a nadie se le ocurriría poner en tela de juicio; por eso mi condena a la lapidación tampoco había hecho reaccionar a mis más allegados. Ahora, sin embargo, la llegada de aquellos periodistas y de blancos que venían de países lejanos para verme mostraba a la gente del poblado la existencia de ese mundo lejano y distinto del nuestro que quería salvarme, de modo que el sentimiento de solidaridad de mis vecinos fue en aumento. Las primeras que me lo demostraron fueron las mujeres, muchas de las cuales, para gran sorpresa mía, lo hicieron sin contar con sus maridos.

g. 149: cuando una siente que su poblado está con ella
El caso es que tras la suya empecé a recibir las visitas de muchas otras mujeres del poblado. Todas se ponían a mi disposición y las que pertenecían a familias que poseían varias cabezas de ganado se ofrecían a ayudarme con los gastos del juicio y los viajes a Sokoto Yo no lo necesitaba, pues los periodistas que venían a verme me daban siempre dinero, pero que se ofrecieran así era algo más valioso que el dinero: significaba que mi poblado estaba conmigo. Había dejado de ser la réproba, la mujer que debía evitar las miradas ajenas. Ahora era Safiya, estaba orgullosa de llevar el nombre de mi poblado. Tungan Tudu, y luchaba por salvar mi vida y desempeñar mi función de madre como Alá quería.
… (… se presentaron en mi casa dos ancianas que venían de la ciudad). Dijeron que pertenecían a una asociación dedicada a ayudar a las mujeres de nuestro estado que, ya fuera porque no se habían casado, ya porque eran viudas y no habían encontrado otro marido, vivían solas. Querían saber si necesitaba algo y me informaron de que podían ponerme en contacto con otras mujeres que conocían la ley islámica, con abogadas. Aunque les contesté que ya me defendía Imam, ellas siguieron ofreciéndome su colaboración.

Pág. 150: voluntad de Alá VS interpretación de la ley por los seres humanos
Me alegraba ser útil a mi familia con la fabricación de esteras y ayudar a otras muchas mujeres que hubieran de hacer frente a un juicio por su comportamiento ante la ley islámica. En esos momentos comprendía más que nunca que lo que me pasaba no tenía nada que ver con la voluntad de Alá, sino con una interpretación de la ley por los seres humanos, que no son infalibles. Aquella solidaridad, aquella comprensión entre las mujeres era muy bonita, enriquecía mi espíritu y sólo podía ser bien vista por nuestro Dios.

Pág. 150-151: los dos bandos políticos
… Por una parte, estaban los políticos que se oponían al progreso del mundo, los integristas islámicos, que pensaban que yo debía ser lapidada porque así lo ordenaba el islam: la población del estado de Sokoto, decían, era musulmana desde siempre y el respeto a la sharía era consecuencia directa del sentimiento religioso.
Por otra parte estaban los políticos progresistas, que propugnaban mi absolución y estaban decididos a no permitir que los estados del norte se consagrasen por entero al islam en contra de la voluntad del gobierno central de Abuja: según ellos, mi lapidación enfrentaría a Nigeria al resto del mundo y condenaría al país al aislamiento, tal como la movilización internacional demostraba, decía Imam. A todo esto yo no era sino una especie de peón, aunque fuera un ser de carne y hueso con derecho a vivir y criar a su hija. Me sublevaba no poco que la política prevaleciese incluso sobre esta realidad que era la mía, pero lo único que podía hacer era decirme que Alá, el dios en nombre del cual aquellos jueves decían obrar, sabría juzgarme por lo que yo era y no por lo que representaba.

Pág. 151: salvado por el sueño de la simiente del varón
-Como ya te dije –siguió diciendo Imam-, he buscado en el Corán algo que pudiera servirnos y lo he encontrado. En una sura, el profeta Mahoma dice que la simiente del varón puede "dormir" en el útero de la hembra incluso durante tres años y luego despertarse, entrar en contacto con el óvulo de la hembra y concebir un hijo.




EPÍLOGO DEL LIBRO – Notas:

Pág. 169: la sharía
La sharía, abolida tras la llegada a Nigeria de los colonialistas ingleses, fue puesta de nuevo en vigor por el gobierno instaurado en mayo de 1999, momento en el que se impuso además una rígida aplicación de algunas de las leyes que los ingleses, con la unificación del territorio bajo una única entidad política, habían derogado en 1914. Con la concesión de la independencia por parte del gobierno británico en 1960, Nigeria pasó a ser un Estado soberano, circunstancia que dio origen a una serie de conflictos entre grupos de interés, particularmente entre los musulmanes del norte, los cristianos del sur y las minorías repartidas por todo el territorio.

Pág. 170: sobre la sharía
La sharía es un cuerpo de principios religiosos islámicos a los que se ha dado fuerza de ley para regular la vida de los musulmanes. Si bien profesar la religión islámica es opcional, la sharía es vinculante para los musulmanes. Es un sistema de leyes omnímodo, cuyos principios básicos están contenidos en el Corán y cuyas correspondientes interpretaciones y explicaciones se hallan recogidas en los hadices, que narran los hechos y dichos del sagrado profeta Mahoma (que la paz sea con Él). Para que sean válidas, las leyes de una sociedad islámica deben respetar las imposiciones de la sharía.
Fueron las caravanas y los mercaderes provenientes de países de África del norte, como Sudán, Marruecos y Egipto, los que introdujeron la sharía en Nigeria y el islam en el norte del país. A comienzos del siglo XIX el yihad de Sokoto, declarado por Usman dan Fodio, dio origen al califato de Sokoto, que comprendía varias regiones del norte. Se inició entonces la rígida aplicación de los castigos previstos en la sharía, una situación que duró hasta la llegada de los colonialistas ingleses.
Los órganos encargados de administrar la ley islámica, como el Consejo Judicial del Emir o los tribunales de los alkali (islamistas), quedaron bajo control de las autoridades coloniales.

Pág. 181: Castigos muy severos
Estas prácticas estuvieron en vigor hasta mayo de 1999, momento en el que los gobernadores de algunos estados del norte implantaron de nuevo la sharía y una rígida aplicación que incluía castigos como la muerte por lapidación en caso de adulterio para personas casadas y cien latigazos para personas no casadas, amputación de la mano en caso de robo, etc.
El primer estado que volvió a introducir la sharía fue el de Samfara, en el noroeste de Nigeria. Otros estados como Sokoto, Kano y Kebbi siguieron el ejemplo.

Pág. 182: el caso de Mohammadu Jero
El 27 de octubre de 1999 Mohammadu Jero fue acusado del robo de una vaca en su poblado del estado de Zamfara. Le fue amputada la mano derecha.
Parecida tendencia integrista en la aplicación de la sharía se observó en el estado de Sokoto y en otros estados del norte, algunos de los cuales abolieron el código penal y la ley de enjuiciamiento penal vigentes y los sustituyeron por el código penal de la sharía y su correspondiente ley de enjuiciamiento penal. Esta circunstancia dio origen al conocido caso de Safiya Hussaini Tungan Tudu.

Pág. 182: el caso de Safiya Hussaini Tungan Tudu
Safiya Hussaini Tungan Tudu fue condenada por el Tribunal Superior de la Sharía de Gwadabawa por el presunto delito de adulterio (zina) y condenada a muerte por lapidación en virtud del artículo 129, apartado b del código penal de la sharía de Sokoto. El veredicto fue dictado el 9 de octubre de 2001.

Pág. 184: el caso de Safiya Hussaini Tungan Tudu
En su discurso, la defensa se preguntaba si en el momento de ser juzgada por el Tribunal Superior de la Sharía de Gwadabawa, Safiya Hussaini Tungan Tudu era una muhsinee, es decir, una mujer legalmente casada, y, por tanto, merecedora de ser lapidada a muerte por el delito de adulterio.

Resumen del caso (pág. 187):
1.- La sharía está presente en el norte de Nigeria desde el siglo XVI.
2.- El yihad de Shehu Usman dan Fodio propició la implantación de las prácticas originales de la sharía y eliminó las corrompidas, que se practicaban en las áreas del califato.
3.- La llegada de los colonialistas ingleses al norte del país tuvo un fuerte impacto político y ejerció una influencia negativa tanto en el sistema educativo como en el desarrollo cultural, e impusieron un estilo de vida típicamente occidental.
4.- Los ingleses suprimieron del código penal en vigor en el norte del país la lapidación y la amputación, suavizando así la práctica de la ley islámica en la zona.
5.- Los intentos por relanzar la ley islámica con ocasión de la Asamblea Constituyente de 1978 fracasaron debido a la escasa presencia de musulmanes.
6.- El gobernador del estado de Zamfara, Alhaji Sani Ahmed, introdujo de nuevo algunos aspectos de la sharía que los ingleses habían eliminado al implantar el código penal. Esta iniciativa suscitó nuevas polémicas acerca del sistema legal vigente en Nigeria.
7.- Para una aplicación equilibrada de la sharía en el norte de Nigeria es preciso promover el diálogo entre las personas directamente implicadas, como ocurrió en el estado de Kaduna, cuyos líderes cristianos y musulmanes tuvieron que confrontar sus respectivos puntos de vista y llegar a un compromiso. Actualmente es un debate de carácter únicamente político.